Maryne est étudiante en communication et politique à l’Université de Montréal. Elle adore chanter et a fait du basketball pendant de nombreuses années. Sinon, elle apprécie se balader en forêt ou en bord de mer, car cela lui permet d’être dans sa bulle et de se recentrer. Nous nous sommes rencontrées par des amis en commun et j’ai rapidement été marquée par sa bienveillance et son empathie. Aujourd’hui, elle a décidé de parler de son hypersensibilité.
Il y a quelques mois certains de mes proches m’ont conseillé des comptes Instagram et des podcasts portant sur l’hypersensibilité. J’ai poursuivi mes recherches à ce sujet et ça a été comme un déclic… J’ai comme réussi à faire le lien avec la façon dont je me comportais depuis des années, à mettre des mots sur ce que je ressentais et à me sentir profondément comprise. Ma susceptibilité, ma facilité à pleurer pour des situations qui semblent banales, mon hyper-empathie, mon besoin de m’isoler lorsque je me sens submergée par les émotions des autres, mon hyper-sensorialité, le besoin que j’ai de vouloir tout contrôler et anticiper pour éviter l’anxiété, ma façon d’extérioriser mes émotions via les pratiques artistiques, etc… tout cela avait désormais une explication. J’ai donc compris qu’un de mes traits de personnalité est un composant du spectre de l’hypersensibilité.
J’ai souvent eu peur de mes émotions et de la façon dont elles m’envahissaient parfois, peur de ne pas réussir à m’affirmer en société, de ne pas paraître assez forte. J’ai donc souvent essayé de les cacher en me construisant une carapace. C’est d’autant plus dur quand tu es une femme parce qu’il s’agit de se battre pour déconstruire le stéréotype de la femme fragile et sensible. J’ai l’impression de lutter pour camoufler cette hypersensibilité au quotidien de sorte à prouver que j’ai les épaules pour avoir des projets ambitieux et en assumer la responsabilité. C’est simplement fatiguant. J’ai aussi l’impression qu’un phénomène de mode se dessine autour de l’hypersensibilité. Bien que les recherches psychologiques se soient approfondies sur le sujet et que la parole se libère, je trouve assez lassant d’entendre des personnes revendiquer cette caractéristique de leur personnalité, sous prétexte qu’ils sont empathiques ou qu’ils pleurent facilement. L’hypersensibilité ne doit pas servir d’excuse pour expliquer des comportements inappropriés ou comme unique moyen d’affirmer sa différence dans une société conformiste. C’est même assez vexant d’entendre des gens parler de leur « hypersensibilité » sans y attribuer les challenges que ça représente au quotidien. Je ne suis personne pour déterminer qui est hypersensible et qui ne l’est pas, parce qu’à la limite ça n’a pas d’importance, mais malheureusement cet effet de mode a tendance à décrédibiliser les personnes qui sont réellement hypersensibles. Ma seule fierté serait de permettre à certaines personnes de se reconnaitre dans ma description de l’hypersensibilité et de leur donner envie d’aller chercher les clés pour trouver leur paix intérieure.
Je mets encore du temps à comprendre que cette caractéristique de ma personnalité peut être une force me permettant de tisser des liens sociaux plus forts, de mieux lire mon environnement ou de ressentir les choses plus fortement. Mais ça reste un challenge au quotidien d’apprendre à l’apprivoiser et la tourner à mon avantage. C’est au cours de ce travail introspectif de longue haleine que mes axes de progression se dessinent et que j’en apprends plus sur moi-même. J’apprends au cours des années la primordialité de travailler sur son épanouissement personnel et de savoir s’occuper de soi, de son bien-être intérieur. Alors non, je ne chercherai plus à cacher mes émotions, j’apprendrais à les comprendre et à les expliquer pour qu’elles soient plus faciles à gérer, pour moi et pour mes proches. Non, mes réactions ne sont pas exagérées mais bien le fruit d’une caractéristique de ma personnalité dont j’apprends tous les jours à contrôler les effets. Dorénavant, je continuerai à m’entourer de personnes compréhensives et aimantes qui m’aideront à m’épanouir et à m’assumer tel que je suis. Je continuerai à avoir de l’ambition, à devenir une femme forte et indépendante qui assume chaque partie d’elle.
– Maryne, le 30 octobre 2020